La vie...
...ne se passe jamais comme on l'imagine. On a beau faire des plans sur la comète, tenter d'anticiper les réactions, l'annonce, finalement tout était différent. Hier, P. est venu me chercher à la gare. Nous avons dîné puis alors que je débarrassais la table, il m'a demandé "et tes règles ?". Au départ, je n'ai rien répondu puis il a répété et j'ai dit "tu veux qu'on en parle ?" tout en évitant son regard, le mien plongé dans le frigo. "Tu veux qu'on en parle ?" une deuxième fois, ma voix était moins convaincue sous l'émotion. Il s'est approché et il a compris. J'ai tout expliqué, comme un moulin à paroles, je voyais qu'il avait du mal à suivre, trop d'infos d'un coup. Il m'a serrée dans ses bras, il était calme, m'a dit "le 25 janvier ? ah comme moi et comme Giulio". Nous avons ensuite discuté de ce que je pouvais manger ou non, des prénoms qu'il aimait (Libero et Libera), nous sommes allés nous coucher et nous avons fait l'amour comme jamais. C'était bon, c'était doux.
Et puis, après une nuit agitée, où je l'entendais se retourner sans cesse, il s'est levé très tôt, a fait du bruit (peu discrètement) à la cuisine et après m'avoir à peine dit bonjour, il a été sec et cassant, sans que je comprenne pourquoi. Je n'ai pas plié sous le poids de ses reproches (tout est toujours comme JE le souhaite, en fonction de moi). Je suis partie sans lui dire au revoir, en lui disant qu'il était odieux et qu'il gâchait tout. Puis je lui ai envoyé un message pour lui dire que comme il me le demandait, je le laisserai tranquille et que j'allais sortir de sa vie. La matinée a été compliquée, j'avais les larmes aux yeux en permanence et aucune envie d'être là. Nous nous sommes appelés vers midi, il s'est excusé d'avoir été sec et cassant. Plus tard, par message, il m'a dit être terrorisé par le monde dans lequel on vit, par tout ce qu'il s'y passe d'horrible, par son incapacité à s'occuper d'un enfant.
Ce soir, c'est avec le coeur très lourd et les yeux plein de larmes que j'irai au lit. Pas certaine de trouver le sommeil mais en revanche, certaine de crever de solitude avec ma souffrance.